[Univ’AirPlus] Faut-il supprimer le voyage d’affaires pour l’environnement ?

Depuis la fin du Covid-19, le voyage d’affaires a repris, mais bien souvent, à un rythme moins soutenu. Comment les entreprises envisagent-elles la gestion des déplacements professionnels à l'avenir ? D’autant plus dans l’objectif de réduire leurs émissions carbone ? Telle est l’une des questions posées à Guillaume Duny (Crédit Agricole) et Marc Levasseur (ADP) lors de la 16ème édition d’Univ’AirPlus, consacrée au voyage d’affaires et à l’environnement.

 

Membres du Label RFAR (Relation Fournisseurs et Achats Responsables), qui intègre une charte avec 10 engagements concrets en matière de RSE appliquée aux achats, ADP et Crédit Agricole se sont fixés des objectifs de diminution de leur empreinte carbone. Au sein du Crédit Agricole, cet objectif lié au voyage d’affaires correspond à moins 50% des déplacements à horizon 2030 (par rapport à l’année 2019). “Il existe des solutions et des innovations qui permettront à terme de réduire les émissions carbone dans le transport aérien. Mais à court terme, nous n’avons pas le choix : nous devons baisser nos émissions liées au déplacement professionnel. Cela va nous obliger à travailler différemment”, déclare Guillaume Duny, directeur du pôle achats du groupe Crédit Agricole.

 

Réduire mais pas supprimer tous les voyages d’affaires

Au sein d’ADP, qui est parvenu à décarboner ses émissions des scopes 1 et 2 de plus de 65% depuis 2010, tout l’enjeu est désormais de décarboner le scope 3, sur l’ensemble des achats. Après deux ans de décroissance en matière de voyage d'affaires, les déplacements professionnels reprennent petit à petit. Pour autant, pas question de supprimer totalement les voyages et d’utiliser la méthode coercitive. Même discours au sein du Crédit Agricole pour qui la période du Covid-19 a été riche d’enseignements, prouvant que l’on pouvait continuer de travailler sans voyager. “Cela a démontré certaines limites en revanche. Culturellement, on ne peut pas s’affranchir d’aller voir un client, d’établir un contact, de serrer une main. Etant donné que nous avons des filiales réparties aux quatre coins du monde, il nous faut pouvoir animer ce réseau. Et on ne peut pas passer que par la visio. Il faut trouver un bon équilibre et responsabiliser les collaborateurs”, explique Guillaume Duny.

 

Responsabiliser les voyageurs sur leur empreinte carbone

Chez ADP, on compte aussi sur la responsabilisation des salariés. “Nous sommes en train de finaliser un programme de formation et de sensibilisation obligatoire pour tout le monde. Nous organisons aussi des portes ouvertes en interne pour communiquer sur ce qui a été réalisé depuis 12 ans. Par ailleurs, nous utilisons un outil pour aider nos salariés à choisir le meilleur moyen de prendre l’avion”, témoigne Marc Levasseur, responsable RSE, qualité et certification, Direction Services, Logistique et Achats du groupe ADP. Pour responsabiliser les collaborateurs par rapport à leur empreinte carbone, de nombreuses pistes sont évoquées : formation, contrainte budgétaire, responsabilité managériale, optimisation du budget et arbitrage selon les objectifs, etc.

 

Encore une part importante de voyageurs à convaincre

Selon l’Observatoire des déplacements professionnels (Corporate Mobilities et Opinion Way) qui a interrogé les voyageurs d’affaires à ce sujet :

  • 33 % se sentent impliqués, c’est-à-dire sensibles à l’impact écologique des déplacements professionnels
  • 42% sont des voyageurs fréquents qui demandent à être convaincus
  • 20% se disent distants
  • 5% ne se sentent pas concernés  

“Ça nous donne un aperçu de l’ampleur de la tâche qu’il reste à accomplir. On a tous un rôle à jouer dans la communication et la transparence ; et on doit pouvoir laisser le choix en responsabilité aux salariés. Cela passe notamment par les outils qui informent des conséquences du choix du voyage directement auprès du salarié”, note Marc Levasseur.


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