[Univ’AirPlus] Les climatologues prêchent-ils dans le désert ?

Depuis des dizaines d’années déjà, les climatologues tentent d’alerter l’opinion publique sur les enjeux du réchauffement climatique. Pourtant, ces derniers semblent prêcher dans le désert, tant la passivité voire le déni vis-à-vis des sujets liés à l’environnement persistent.

 

La France serait d’ailleurs moins encline que certains de ses voisins à ouvrir les yeux sur les risques et les conséquences du réchauffement climatique. Selon une étude mondiale réalisée par l’OCDE, 37% des Français pensent que le changement climatique les affectera peu ou pas du tout, seuls 57% pensent que le réchauffement climatique est lié à l’activité humaine (le plus faible score dans les pays riches) et 13% sont climato-négationnistes. Comment expliquer cet état d’esprit français ?

“Comme le dit Boris Cyrulnik : pour qu’il y ait résilience, il faut qu’il y ait chaos. Nous ne sommes peut-être pas encore suffisamment dans le chaos pour que la prise de conscience puisse s’opérer. Quand j’ai commencé avec We Demain, j’étais l’écolo de service qui racontait n’importe quoi. Depuis, les médias ont évolué, même les plus traditionnels et les plus favorables à l'économie de marché. En revanche, la classe politique n’évolue pas beaucoup. Quand on entend les propos tenus pendant la campagne présidentielle, on se dit qu’il y a encore du boulot à faire. Cela n'aide pas à faire changer l’opinion des Français”, explique François Siegel, co-fondateur de GSPresse et fondateur du magazine We Demain, invité à l’occasion de la 16ème édition d’Univ’AirPlus, organisée en septembre 2022

 

Le monde de demain est en marche

Force des lobbies, enjeux financiers et industriels, dépendance aux ressources énergétiques étrangères, absence ou insuffisance d’alternatives telles que les énergies renouvelables, etc. Telles sont quelques-unes des raisons soulevées par François Siegel, expliquant l’inertie de la classe politique. “De mon point de vue, l’Etat français est un peu perdu et prisonnier d’un certain nombre de forces contraires qui l’empêchent de prendre des décisions. Heureusement, quand on regarde ce qu’il se passe au niveau des régions, des territoires et des villes, on peut se dire que le monde de demain est en marche”, modère-t-il. Quant aux médias, ont-ils, eux aussi, leur part de responsabilité ? “S’agissant des énergies renouvelables, on a installé un déni pendant de nombreuses années en France. Et à ce sujet, je pense qu’ils ont une part de responsabilité pour ne pas avoir suffisamment ouvert les yeux sur ce qu’il se passait à l’extérieur”, remarque François Siegel.

 

Le transport aérien n’évitera pas une refondation

Face au réchauffement climatique, le transport aérien est l’un des secteurs qui attise le plus les critiques. A l’heure où les techniques pour la décarbonation du transport aérien n’existent pas encore, la réduction du trafic aérien apparaît comme la seule solution permettant d’atteindre l’objectif fixé par les Accords de Paris et le GIEC. Passionné par l’aérien et pilote, François Siegel a donc été interrogé sur l’avenir du voyage d’affaires et notamment la réduction du nombre de déplacements professionnels d’ores et déjà envisagée par certaines entreprises. “Si l’on ne fait pas ce qu’il faut, on va le faire pour nous et ça va être plus violent que si nous le faisions nous-mêmes. J’ai peur que dans quelques années, un gouvernement plus autoritaire nous fixe des quotas de carbone à l’année. Le transport aérien n’évitera donc pas une refondation, d’autant que les moyens alternatifs n’existent pas encore”, prévoit François Siegel.  


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